Activité physique, santé et confinement. Comment résoudre la quadrature du cercle ?

Regards de chercheurs

Activité physique, santé et confinement. Comment résoudre la quadrature du cercle ?

par Sylvain Durand, enseignant-chercheur en physiologie à Le Mans Université, laboratoire Motricité, Interactions, Performances (MIP - EA 4334).

Pour lutter contre la propagation du COVID-19, nous sommes tous contraints au confinement... Mais confinement ne veut pas dire sédentarité, car elle peut être, elle aussi, dangereuse pour notre santé !

Dans le contexte sanitaire actuel lié au COVID-19, le gouvernement français a décidé de recourir au confinement de la population pour freiner et lutter contre la propagation du virus. Certaines exceptions ont été logiquement définies comme les déplacements pour les raisons de santé, les achats de première nécessité… mais aussi les « déplacements brefs, dans la limite d’une heure quotidienne et dans un rayon maximal d’un kilomètre autour du domicile, liés à l’activité physique individuelle des personnes, à l’exclusion de toute pratique collective et de toute proximité avec d’autres personnes ». On y retrouve ici la reconnaissance du rôle positif majeur que peut avoir la pratique d’une activité physique régulière et modérée sur la santé et le bien-être des individus ainsi que sur la prévention d’un certain nombre de pathologies chroniques comme l’a d’ailleurs justement repris l’INSERM dans un de ses tous derniers rapports : Activité physique : Prévention et traitement des maladies chroniques datant de janvier 2019.

Le bien-être mis à mal en période de confinement

Le bien-être est une notion complexe associant différents paramètres dont la santé physique et psychologique font partie. Le confinement est propice à un ensemble de conditions qui peuvent affecter à court, moyen et long terme notre santé.

Tout d’abord la sédentarité qui elle-même peut favoriser la prise de masse corporelle et le développement de pathologies cardiovasculaires. Les risques psycho-sociaux deviennent aussi particulièrement importants. On peut évoquer tout naturellement la sensation « d’emprisonnement » ou encore la distanciation sociale touchant tous les individus et qui peuvent favoriser la dépression. Mais il y a aussi émergence de facteurs de stress spécifiques selon les situations familiales et le contexte professionnel : certaines promiscuités permanentes inhabituelles, la crainte d’attraper le virus (d’intensité variable selon que l’on soit ou pas avec des personnes à risque), l’inquiétude sur la gestion de la continuité pédagogique imposée pour assurer la formation de ses enfants combinée au télétravail ou les incidences économiques de la crise sur les ressources familiales, le devenir d’une entreprise peuvent également avoir un impact psychologique non négligeable.

Ce confinement peut aussi être particulièrement difficile à gérer auprès des enfants, qui après avoir vu d’un bon œil, l’arrivée soudaine d’une période de « vacances » réalisent finalement toutes les contraintes qui y sont associées : les parents deviennent les profs, les sorties à l’extérieur sont limitées, il est difficile de cerner les périodes effectives de travail nécessaire et la possibilité d’être en récréation permanente. Tout cela peut favoriser l’énervement des enfants…comme des parents.

Il serait ainsi paradoxal, sous prétexte de lutter contre le COVID-19, de favoriser le développement d’autres pathologies avec un impact sur la mortalité de la population française qui pourrait être significatif sous le moyen terme. Pour résoudre cette quadrature du cercle, nous sommes donc autorisés à sortir pour nous bouger.

 

On bouge !

Et nous avons tous intérêt à nous bouger ! Nombreuses sont les études scientifiques justifiant l’impact positif de l’activité physique sur notre santé physiologiques et mentales. L’activité physique a des propriétés anti-dépressives et relaxantes, elle est bénéfique à notre santé cardio-vasculaire, elle aide à gérer sa masse corporelle… si elle est pratiquée de la meilleure des manières !

La recommandation du programme national nutrition santé est de pratiquer 30 minutes d’activité physique modérée par jour. Je rappellerai ici que, par définition, le terme activité physique représente toute activité qui entraîne une dépense énergétique supérieure à la dépense énergétique de base. Faire son jardin, sortir se balader…, c’est faire de l’activité physique… au même titre que faire un footing d’une trentaine de minutes. Être actif de manière isolée à l’extérieur peut aider à se libérer de la possible frustration de « tourner en rond » chez soi, surtout quand on n’habite pas à la campagne, qu’on ne possède pas de jardin ou de grande terrasse.

Mais il est tout à fait possible de réaliser ses 30 minutes d’activité physique en restant dans son logement… 30 minutes de Zumba, petit parcours moteur à réaliser avec ses enfants, phase de ménage endiablée au rythme d’une musique entraînante, sans compter toutes les séances de sport proposées actuellement en ligne par des coaches sportifs… respectez votre goût, vos capacités (n’en faites pas trop d’un coup, vous verrez, vous progresserez au fur et à mesure au niveau de la forme, du souffle) et laissez libre cours à votre inventivité. Les enfants seront pour la plupart particulièrement demandeurs de ces moments de défoulements que vous pourrez prolonger pour eux, ils ont de l’énergie à revendre et en ont besoin pour leur développement. Tout le monde est capable !

On bouge, oui, ... mais pas n'importe comment.

Il faudra cependant être vigilant aux conditions dans lesquelles vous pratiquerez votre activité : un minimum d’échauffement musculaire et articulaire peut être nécessaire tout comme une période de retour au calme. Utilisez un équipement adapté : vêtements et chaussures. Veillez à conserver une hydratation suffisante et à ne pas chercher à faire trop monter votre fréquence cardiaque si vous n’êtes pas forcément habitués à faire régulièrement de l’activité physique (un simple contrôle du pouls ou l’utilisation d’un cardiofréquencemètre pourra vous aider dans ce sens).

Se redonner un rythme journalier/hebdomadaire sera aussi un excellent moyen de lutter contre la monotonie du moment et de garder un bon moral. En relation avec une alimentation équilibrée, un sommeil réparateur et suffisant, vous resterez les premiers acteurs de votre santé et contribuerez ainsi à conserver une forme physique et mentale qui permettra d’autant mieux de supporter le confinement… et de pouvoir en apprécier encore plus la sortie.

 

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